Newsletter de mai 2025
L'éditorial d'Yveline : Bonjour à tous !
« En mai, fais ce qu’il te plaît »
Non, pas tout à fait. Pour retrouver tout le plaisir des grands espaces et bien mesurer la juste place que les êtres humains devraient savoir garder au sein de la Nature, la navigation de plaisance est un bon moyen de nous rappeler que la mer mérite tout notre respect :
Vous pourriez essayer une sortie découverte (gratuite) avec Carry Voile
Loin de chercher à donner des leçons, moralisatrices et ennuyeuses, il me semble intéressant d’observer l’environnement de Carry Voile : la Méditerranée, cette Mare nostrum des hommes de l’Antiquité, déjà exagérément possessifs, en nous focalisant sur la baie de Marseille, si… plaisante.
Comment comprendre cet environnement et comment faire au mieux pour ne pas le dégrader plus qu’il ne l’est, voire lui apporter notre petite contribution méliorative : un « effet papillon » fort utile ?
Oui, il existe déjà de nombreuses informations et publications sur le sujet : des projets, engagements et initiatives qui se succèdent, et nous avons parfois l’impression que rien ne change ou ne pourra changer.
Mais c’est faux et j’ai quand même envie d’y répondre par une position philosophique plus constructive, que je complète à ma façon pour l’adapter aux papillons que nous sommes : « Ceux qui pensent que c’est impossible sont priés… » de ne pas couper les ailes à ceux qui ont envie d’essayer. Ecartons un peu le pessimisme de la lucidité pour laisser plus de place à l’optimisme de la volonté. Hommage à ceux qu’on nomme abusivement utopistes : ils font progresser la connaissance !
La posidonie
Photo de posidonies sur les rochers de la Calanque de la Tuilière, prise par Yveline
Tout d’abord, un constat qui ennuie surtout les baigneurs et parfois inquiète les plus informés : certaines plages, déjà étroites de la baie, sont recouvertes de banquettes de Posidonies mortes, de plusieurs mètres d’épaisseur. Pour l’industrie du tourisme et son économie (260 millions de touristes par an) nos paysages ont une grande importance puisque pour elle, la Nature n’est que le décor de toutes sortes d’attractions estivales. L’aspect de ces banquettes ne lui paraît pas esthétique. De plus, les touristes craignent des émanations gazeuses, comme cela s’est produit avec les algues vertes, en Bretagne. Du coup, les municipalités de la côte dépensent beaucoup pour en dégager les plages. La plupart, heureusement, ne le font plus que pour l’été et renvoient ces posidonies en mer, pour nourrir les poissons, dans des sites contrôlés. Pourquoi ?
La Posidonie n’est pas une algue mais une plante marine à fleurs, dont une variété, la posidonia oceanica est endémique : on ne la trouve qu’en Méditerranée. De la même famille que les iris, c’est bien une plante puisqu’elle est fixée au sol par de véritables racines et qu’elle produit des fleurs puis les fruits qui permettent sa reproduction. Ces plantes sont d’origine terrestre, de la famille des Alismatales, et les scientifiques estiment qu’elles sont revenues à la mer il y a 80 millions d’années.
A 40 mètres de profondeur maximum, ses rhizomes bruns entrelacés forment de vastes herbiers, appelés des mattes, dans lesquels s’abrite tout un écosystème impressionnant. En effet, il contient des espèces sédentaires et des espèces mobiles comme des vers, des gastéropodes, des crustacés, des éponges… mais également des hippocampes, des mollusques, des araignées de mer et de nombreux poissons comme les saupes, les labres, les serrans ... qui y trouvent aussi leur nourriture, leur abri et un lieu de reproduction.
Le plus surprenant est que, même mortes et accumulées en banquettes sur les plages qui produisent des boules feutrées appelées aegagropiles, ces plantes ne produisent aucune émanation toxique en se décomposant mais elles participent, bien au contraire, au transfert du dioxyde de carbone (CO2) en oxygène. La Posidonie est donc reconnue comme « poumon de la mer », puisqu’elle est essentielle pour maintenir la qualité de l’eau, sa transparence et son oxygénation. Ses larges banquettes, reconstruites chaque hiver par les tempêtes, renforcent également la stabilité des plages et la diminution de la houle dans les nombreuses criques des Calanques.
A saluer : la ville de Carry-le-Rouet a décidé d'informer ses visiteurs pour qu'ils comprennent le rôle fondamental de la posidonie sur ses plages, grâce à des panneaux d'affichage très complets sur cette plante marine.
Mais… depuis la fin du XXe siècle, des scientifiques tirent la sonnette d’alarme car ils constatent que la Posidonie semble menacée. En mesurant ses herbiers, qui recouvraient autrefois tous les fonds marins des côtes de la Méditerranée, ils ont constaté qu’ils ne cessent de s’amenuiser voire de disparaître. En France, un arrêté ministériel, s’appuyant sur la loi de 1976 de Protection de la Nature, a donc déclaré la Posidonie espèce protégée, le 19 juillet 1988.
Les causes de sa régression :
Très certainement le réchauffement climatique, puisqu’en 2024 la mer Méditerranée a atteint un record de température de surface de 28,7° ! Mais les causes principales sont anthropiques : elles sont probablement liées à de fortes pollutions d’origine humaine : des rejets d’eaux usées, d’eaux industrielles non traitées et des pollutions en hydrocarbures dues aux transports maritimes commerciaux et touristiques intensifs ainsi que des dégâts écologiques causés par de nombreuses infrastructures, construites sur tous les rivages de façon anarchique. Les résidents de tout le pourtour méditerranéen sont aujourd’hui estimés à 500 millions. La préservation du littoral est donc un vaste problème, multifactoriel, contre lequel il est nécessaire (et possible encore) de lutter, grâce, entre autres, en France, à la Loi littorale du 3 janvier 1986. Mais elle devra encore progresser et être respectée par tous les autres pays du pourtour méditerranéen, sous le contrôle de scientifiques de diverses spécialités, capables de travailler en collaboration et indépendants de tous les pouvoirs politiques et financiers. Vaste programme...
Des espèces invasives ?
La Méditerranée est une mer semi-fermée : le Détroit de Gibraltar la relie à l’Océan Atlantique, le détroit du Bosphore à la Mer Noire et le Canal de Suez à la Mer Rouge. Elle est également soumise à une forte évaporation, supérieure aux apports fluviaux et aux précipitations. Son taux de salinité élevé est d’environ 39g par litre quand la moyenne des océans est d’environ 35g par litre. C’est sa force et sa faiblesse à la fois. Certaines espèces, apportées par les eaux de ballast de tous les paquebots et navires de commerce, s’y acclimatent apparemment sans problème et enrichissent même son écosystème, mais d’autres semblent concurrencer les espèces locales et les mettre en péril.
C’est le cas du poisson globe ou poisson ballon (Lagocephalus sceleratus) originaire des régions tropicales et subtropicales indopacifiques, qui a atteint la Méditerranée par le canal de Suez. Adulte, il mesure entre 40 et 60 cm mais certains spécimens peuvent atteindre 1,10 m. Sa mâchoire et ses dents peuvent sectionner un doigt ! Ce poisson est un redoutable prédateur de crustacés, poissons et mollusques, comme les pieuvres, les calamars et les sèches. Il a été récemment signalé près des herbiers de posidonies où il trouve sa nourriture, au large de Narbonne et de Gruissan. Etant très toxique puisqu’il contient des Tétrodotoxines, il contamine tous les autres poissons pris dans les filets des pêcheurs. Sa commercialisation et sa consommation, qui pourrait être létale, sont donc interdites en Méditerranée. Son impact économique se fait déjà ressentir gravement mais son impact écologique est encore mal connu.
Car il convient toujours de rester mesurés dans nos alarmes. Dans les années 1980, une algue appelée la Caulerpe (caulerpa taxifolia) a envahi et parfois remplacé de larges herbiers de Posidonies. Retrouvée en 1984 au large de Monaco, l’arrivée de la Caulerpe en Méditerranée résulterait d’une mauvaise manipulation du Musée océanographique de Monaco.
Etudiée par le Pr. Alexandre Meinesz*, biologiste, spécialiste de cette algue, il l'a appelée « l’algue tueuse », car elle est très toxique et particulièrement nuisible aux poissons et aux oursins. On l’a retrouvée dans les filets des pêcheurs et sur des ancres de navires du côté de Port Cros et de Porquerolles où on a tenté plusieurs types d’éradication : par pyrolyse, sel et même une limace prédatrice… Mais elle se reproduisait rapidement et avait envahi 50 000 hectares entre 1984 et 2004, éliminant peu à peu la Posidonie sur son passage. Pourtant, sans explication concluante, la progression de la Caulerpe semble aujourd’hui réduire ou même disparaître. Le Pr Meinesz*, émet plusieurs hypothèses, en privilégiant les Sun spots : ces explosions solaires, qui ne lui conviendraient pas…
*Alexandre Meinesz est Professeur émérite de l’Université de Nice-Sophia Antipolis, auteur de plusieurs livres et de vidéos de l’équipe Ecomers que vous pouvez retrouver entre autres, sur :
https://www.radiofrance.fr, .
La Posidinie menacée aussi par les ancres des navires ?
Depuis 1988 donc, la posidonie est protégée, mais la surface de ses herbiers a encore diminué de 30% en cinq ans dans les zones de mouillage des grands yachts ou des paquebots. Entre 2010 et 2020 le nombre de mouillages a augmenté de 450 % pour des navires mesurant entre 24 et 45 mètres, et, devant cet inquiétant constat, des actions concrètes ont été engagées.
Les zones de mouillage :
Certains propriétaires de lourds bateaux ont peu à peu créé, sans aucune réglementation administrative, des points d’amarrage appelés « corps morts » dans le langage des marins, toujours si métaphorique. Ce sont des blocs de béton, attachés à une chaîne et signalés en surface par une bouée flottante. Lorsque cette chaîne est déplacée par le vent ou les courants marins, elle « tond » littéralement une partie de la matte de Posidonies située autour de l’ancre. C’est aussi le cas lorsque les bateaux amarrés à ces corps morts pivotent sous l’effet du vent, en mouvement circulaire autour de leur amarrage. Ce mouvement circulaire, appelé « le cercle de bornéo », ou « cercle d’évitage » dans le langage des marins, abîme le fond et produit un raclement qui appauvrit son substrat et empêche la posidonie de de recoloniser la zone détruite. Ces amarrages, de plus en plus nombreux, devaient donc être planifiés et soumis à une autorisation. En 2020, des arrêtés d’interdiction de mouillage dans les herbiers de Posidonie pour les navires mesurant entre 24 et 45 mètres ont permis de condamner des contrevenants à de lourdes amendes, ce qui peut dissuader... Mais susciter aussi une inquiétude : est-ce que cet argent servira vraiment à financer des actions pour la préservation de la posidonie ?
Bref, il ne faudrait pas que cette réglementation devienne LA règle : par exemple, les voiliers de plaisance de Carry Voile mesurent de 6 à 12 mètres et pèsent entre 800 kilos et 8 tonnes et notre club respecte les Posidonies : dans les criques où nous aimons faire escale, ses herbiers sont facilement repérables et nous choisissons les fonds sableux qui conviennent à nos mouillages.
Pour localiser in situ les zones à éviter, citons une application ergonomique et gratuite : DONIA qui nous y aide, en cas de mauvaise visibilité ou de doute à propos d’un nouveau mouillage.
Mais il existe d’autres applications, comme Nav&Co*…
Actuellement, une solution est envisagée dans la baie de Marseille, en raison du trop grand nombre de plaisanciers en période estivale : des zones de mouillage déterminées et payantes, avec des ancrages écologiques*, sur des bouées : ils permettraient de ne plus jeter d’ancre. Le 7 novembre 2024 Catherine Piante, chargée de programme marin chez WWF-France s’est particulièrement intéressée aux îles du Frioul afin d’y aménager le tourisme, en réconciliant l’économie et l’écologie : « Le déploiement des zones de mouillages et d’équipements légers (ZMEL) est une autre solution. » Préserver notre environnement, nous le cherchons tous, mais il ne faudrait pas que ce soit un prétexte à une surconsommation et un surcoût pour les pratiquants réguliers de la Voile.
Quels nouveaux équipements ?
Un voilier de moins de 24 mètres, navigue essentiellement à la voile : c’est une énergie infinie, propre et gratuite. Et même si tout voilier doit utiliser un moteur pour sortir et rentrer dans les ports, il n’a qu’un faible impact écologique. De nouveaux moteurs électriques plus performants et moins chers apporteraient peut-être une solution ? Mais en attendant, Carry Voile essaie d’apporter des améliorations à sa flotte. La plupart des voiliers se sont déjà équipés de panneaux solaires pour recharger les batteries et de cuves à eaux noires pour ne pas rejeter d’eaux usées. Ces équipements sont efficaces, d’un coût accessible et ils n’alourdissent pas inutilement nos voiliers : l’encombrement et le poids sont fondamentaux sur un voilier.
Et des ancres à vis ou ancres hélicoïdales pour les navires de plus de 24 mètres ?
Pour préserver les fonds marins et ses écosystèmes, cette nouvelle ancre est déjà utilisée dans le monde entier. Sa forme hélicoïdale lui permet de s’enfoncer dans les sédiments des sols sableux pour assurer un ancrage plus solide, et une chaîne tendue empêche sa structure de traîner sur le fond pour éliminer le fameux mouvement circulaire Bornéo. Plusieurs modèles existent, en fonction du type de bateau*.
Le repiquage :
Enfin, la posidonie peut être replantée, et ce, par simple bouturage ! Depuis 2024, un club de plongée, Andromède océanologie a mis en place le programme REPIC. Ce nom est un acronyme très évocateur formé à partir de : Restaurer la posidonie impactée par les ancres.
Des posidonies complètes (avec leurs racines) sont donc récupérées par les plongeurs sur les lourdes ancres que les gros navires ou les yachts ont arrachées. Elles sont ensuite repiquées et agrafées au fond de l’eau dans des zones où elles ont été clairsemées. Oui, vous imaginez bien : un peu comme on greffe des cheveux sur les zones de calvitie ! :)
Résultat : des herbiers entiers, abîmés par les lourdes ancres et leurs chaînes ravageuses sont ainsi restaurés. En 2024, au prix de 500 h de plongée, 1000 m2 de posidonies ont ainsi été repiqués.
Vous pouvez regarder des vidéos de leurs plongées sur YouTube en tapant Andromède océanographie.
* Application pour le repérage des herbiers de posidonies, et autres informations : nav&co un service dont la publication dépend de l’Office français de la biodiversité (OFB), de l’Etablissement public administratif (Epa), du Service hydrographique et océanographique de la marine (Shom) et de la Direction générale des Affaires maritimes, de la Pêche et l’Aquaculture (DGAMPA).
*Lien à consulter (non commercial) pour un mouillage écologique : https://professionnels.ofb.fr/sites/default/files/pdf/documentation/Rex-econavigation_06-mouillage-vis2019.pdf
Yveline Lagelée
Nos amers : Notre-Dame-de-la-Garde, « la bonne mère ».
Notre-Dame de la Garde, de nuit. Photo prise du Vieux-Port par Jean-Pierre Montagnon
Rappel si vous avez oublié cette acception du mot « amer » comme substantif : les amers sont des points de repères fixes, facilement identifiables par les pilotes de bateaux ou d’avions.
Notre-Dame de la Garde est communément nommée à Marseille « la Bonne Mère ». Nòstra Dòna de la Gàrdia/Nouesto-Damo de la Gardi en provençal.
Plus que la Basilique du même nom, c’est surtout la statue de la Vierge Notre-Dame ou la Bonne Mère (actuellement en rénovation), érigée sur un piton calcaire au-dessus du Vieux-Port de Marseille, qui nous sert d’amer, pour certaines de nos navigations dans la Baie de Marseille.
Dans Marseille, elle se situe sur les quartiers du Roucas-Blanc et de Vauban, érigée sur un piton calcaire de 149 m d'altitude, surélevé de 13 m grâce aux murs et soubassements d'un ancien fort. Au sommet du clocher carré de la Basilique, de 41 mètres de haut, surmonté lui-même d'une tourelle de 12,5 mètres qui lui sert de piédestal, se dresse une statue monumentale de 11,2 mètres de la Vierge à l'Enfant réalisée en cuivre doré à la feuille. Ce qui explique bien qu’on la voit de loin et qu’elle constitue un amer sûr pour certains caps de navigation !
Même si la basilique actuelle a été construite par l'architecte protestant Henri-Jacques Espérandieu dans le style romano-byzantin elle fut consacrée catholique le 5 juin 1864. Ce piton calcaire a toujours inspiré la spiritualité puisqu’elle remplace une chapelle du même nom édifiée en 1214 et reconstruite au XVe siècle. Bâtie sur les bases d'un fort du XVIe siècle construit par François Ier en 1536 pour résister au siège de Charles Quint, la basilique comporte aujourd’hui deux parties : une église basse, ou crypte, creusée dans le roc et de style roman, et au-dessus une église haute de style romano-byzantin décorée de mosaïques. Ces bâtiments aux styles différents indiquent bien qu’elle est chargée d’Histoire.
La Bonne Mère : religion et mysticisme méditerranéens
La basilique Notre-Dame de la Garde est considérée par toute la population marseillaise comme la gardienne et protectrice de la cité, d'où son appellation de « Bonne Mère », qui est également le surnom populaire de la Vierge Marie, mère de l’enfant Jésus, sanctifiée dans la religion catholique.
De très nombreux ex-voto*
Une religiosité et un mysticisme typiquement méditerranéens s'y manifestent, avec le dépôt de nombreux cierges et ex-voto offerts à la Vierge pour la remercier d'une grâce spirituelle ou temporelle, mais aussi pour proclamer publiquement et rappeler qui a bénéficié de sa grâce. Le nombre d'ex-voto de Notre-Dame de la Garde est impressionnant : la chapelle est petite et étroite, mais ornée par de nombreuses maquettes de petits voiliers avec leurs agrès et leur nom inscrit sur la poupe : ils figurent tous ceux que la Bonne mère auraient sauvés d'un cruel naufrage ou épargnés de la fureur des pirates ou des corsaires. A noter : pour monter jusqu’à ce lieu, on ne trouvera pas de longue allée de cénotaphes*, comme à Gruissan, pourtant ce lieu est aussi un Mémorial à tous les marins disparus.
Les murs des chapelles latérales des deux sanctuaires superposés, la crypte et l'église supérieure, sont recouverts d'un premier niveau de plaques de marbre. La partie supérieure des murs de ces chapelles latérales est occupée par des ex-voto peints, placés sur plusieurs rangées superposées. Pourtant, la plupart de ces ex-voto ne datent que de la seconde moitié du XIXe siècle car tous ceux qui étaient antérieurs à la Révolution ont été détruits ou dispersés et parfois revendus, durant toute cette période.
On peut aussi y découvrir des scènes plus surprenantes : incendies, accidents de voiture ou de chemin de fer, malades dans leur lit etc. Car des événements politiques et sociaux sont également représentés. Des faits marquants de mai 68 sont à l'origine d'un dessin, et un fanion de l'OM rappelle même que les joueurs de ce club sont montés en pèlerinage à la Basilique, pour remercier d’une victoire ! A noter toutefois, Marseille étant une grande ville portuaire : les représentations les plus nombreuses concernent les naufrages ou les tempêtes. Et comme la place était devenue insuffisante, des plaques votives plus récentes ont dû être scellées jusque sur les murs des terrasses de la Basilique.
L'église supérieure conserve de nombreuses maquettes de bateaux ou d'avions récemment restaurées et suspendues aux voûtes de l’édifice, selon la tradition. Celle d’un Canadair y figure également !
Le symbole de Marseille
L’ancien maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, disait souvent : « La Bonne Mère, c'est Marseille. Et Marseille, c'est la Bonne Mère. »
Visible de partout, depuis les autoroutes, la gare Saint-Charles ou la rade de Marseille, Notre-Dame de la Garde attire immédiatement le regard. Lieu le plus visité de Marseille, il accueille chaque jour des centaines de personnes : hommes, femmes, enfants, de toutes nationalités, non croyants ou croyants de toutes les religions. Cette notoriété et le prestige d’un tel lieu de pèlerinage sont d’autant plus remarquables que la construction de cette église n’a été la conséquence ni d’une apparition ou miracle fondateur, ni de l’intervention d’un saint ou d’un personnage illustre : seule la majesté de ce promontoire provoque respect et fascination.
En effet, même pour le cardinal Etchegaray, ancien évêque de Marseille, la Vierge de la Garde ne fait pas seulement partie du paysage, comme le Château d'If ou le Vieux Port, mais elle est le cœur vivant de Marseille. Elle n’est donc pas la propriété exclusive des catholiques mais elle appartient à la grande famille humaine, très cosmopolite, qui vit à Marseille. Aux pieds de Notre-Dame, chacun se sent chez soi, protégé et pleinement intégré grâce à elle. C’est l’argument principal de l’actuelle Ministre de la Culture, Rachida Dati, qui souhaiterait donc qu’elle entre au Patrimoine culturel de l’Humanité.
Depuis février 2025, un chantier d'un coût de 2,5 millions d'euros a démarré, pour redonner tout son éclat à la statue de la Bonne Mère. Il devrait être terminé en décembre 2025…
*Vocabulaire :
Un ex-voto (du latin « venu d’un vœu ») est une offrande à un saint ou un dieu, rendue sous la forme d’objets qui peuvent extrêmement variés ! Il peut s’agir d’une demande de grâce mais, le plus souvent, c’est un remerciement. Un ex-voto est toujours déposé dans un lieu sacré et symbolique.
Un cénotaphe est une tombe sans dépouille quand la mort est certaine mais que le corps n’a pas pu être retrouvé. Cette sépulture permet de célébrer la mémoire du défunt et de rendre ce deuil plus supportable.
Mes sources : Wikipedia et surtout le livre Ex-voto marins de Notre Dame de la Garde éditions La Thune Marseille, de Félix Reynaud que je vous recommande pour son travail d’historien et ses superbes photos, il est disponible à la Bibliothèque de Sausset-les-Pins, donc de toutes les bibliothèques du département.
Yveline Lagelée
Vendredi 11 avril 2025 - Soirée d'initiation à météorologie marine.
Texte du réalisateur de cette formation : Jean-Pierre Montagnon
Le bon sens marin impose la consultation du bulletin de prévision météo marine avant d'appareiller.
Mais quel bulletin ?
Jadis, entre le bulletin météo radiophonique de France Inter qui a cessé sa diffusion le 1er janvier 2017 et le bulletin émis par les CROSS en VHF et qui nécessitait bien sûr d'être équipé de l'appareil éponyme, il n'y avait pas beaucoup de choix. La météo de cette époque avait une consonance à la fois poétique et mystérieuse avec des noms de zones comme Forthies, Dogger, Rockall, Fasnet (plus connue), Rochebonne, Lion, Provence, Ligure (ah, là, on connait aussi) !
De nos jour, c'est l'inverse, nous croulons sous les informations météorologiques, les classiques, bien sûr, par affichage à la capitainerie, les bulletins diffusés en VHF, toujours par les CROSS, et aussi pléthore de sites internet et d'applications pour smartphones et tablettes. Même la télévision s'y est mise avec un bulletin qui finalement ne devient pas si mauvais que cela mais ne convient pas pour la navigation !
Devant cette abondance d'informations météorologiques, comment ne pas s'y perdre ou s'égarer dans les méandres d'internet ?
La prévision météorologique "moderne" est devenue une science complexe faisant appel à des moyens informatiques considérables, capables de traiter des millions de données scientifiques et partagées par tous les membres de l'organisation météorologique mondiale (OMM).
Les questions qui se posent sont, quel bulletin météo marine consulter et comment comprendre les informations recueillies ?
Depuis quelques années, Carry Voile propose une initiation à la météorologie marine.
Un nouveau cycle a commencé cette année, réparti en quatre séances :
• consulter les informations météorologiques et le bulletin météo marine,
• comprendre les situations générale et régionale, et les mécanismes météorologiques,
• les spécificités de la météorologie du bassin occidental de la Méditerranée et de la rade de Marseille,
• observation de nuages et leur apport pour les prévisions.
L'objectif de la première séance a été de guider le plaisancier dans la construction de sa propre démarche de recueil des informations concernant l'état de l'atmosphère, le choix du site et des modèles météorologiques pertinents pour sa zone de navigation.
Un grand nombre de ces données concernant les situations météorologiques générale et régionale et permettant de construire sa propre prévision, est disponible sur le site Windy.com.
Toutes les valeurs proposées sur ce site sont issues de fichiers GRIB qui sont les vecteurs informatiques de transmission et d'affichage de ces données calculées à l'aide des différents modèles.
Les conclusions tirées des informations recueillies sur Windy.com demandent à être validées par un bulletin météorologique expertisé provenant d'une agence météorologique nationale. Nous avons choisi le site de Météo France qui diffuse également les bulletins météorologiques spéciaux (BMS) d'avis de vent fort.
A l'aide de ses deux outils, windy.com et meteofrance.com, en suivant cette démarche de prévision, le plaisancier pourra appareiller avec confiance car il aura un référentiel, il sera capable de surveiller l'évolution des conditions météorologiques et d'anticiper tout changement, qu'il soit prématuré ou en retard.
Les prochaines séances auront pour objectif d'avancer dans la compréhension des phénomènes météorologiques et de leurs évolutions.Une seconde séance sera probablement programmée au dernier trimestre 2025.
J.P. Montagnon
Merci Jean-Pierre pour cette formation qui a impressionné les assistants par sa technicité et qui, il faut bien l'avouer, nous a aussi soulagés d'un travail fastidieux, car elle concentrait bien, sur deux heures, les éléments essentiels à toute navigation. Bravo pour cette réalisation ! :)
Un texte écrit par Frank Colmant :
« PAN PAN » : signal d’alarme VHF indiquant une urgence pour la sécurité du navire ou celle d’une personne.
Parmi les dangers qui guettent les marins, il y a toujours celui, imprévisible, de la panne ou de l’accident. Quatre incidents ont marqué ces derniers mois :
L’été dernier, le voilier Marigot Bay s’est échoué sur la côte orientale de la Corse, mais un navire équipé d’un moteur puissant est parvenu à incliner et dégager le bateau avec la drisse de spi. Pas d’avarie à signaler.
Fin aout 2024, l’équipage du Pégase qui naviguait sur la côte occidentale corse, a constaté la casse du safran. La SNSM a remorqué le navire. Coût de l’opération, à 650 euros de l’heure : un remorquage de 3h30, une facture de 2275 euros. Une caisse de solidarité de tous les adhérents de Carry Voile a participé à cette lourde dépense.
Le compte-rendu complet a été écrit par son skipper, Jeanpy, et il se trouve sur le site de Carry Voile avec le lien https://www.carryvoile.fr/avarie-pegase./
Point d’information : à ce jour, le sauvetage d’une vie humaine en mer reste gratuit.
9 avril 2025, au large du Planier, le bateau de pêche Pierro tombe en panne de moteur. Jean-Louis, skipper de Vire-Vent, en sortie Carry Voile du mercredi, propose un remorquage qui est accepté avec soulagement : entre marins la solidarité est fondamentale.
12 avril 2025, le voilier Tiwi démâte en rade de Marseille. Le sang froid de William, le skipper, et de son équipier, Guillaume, a permis de reprendre le contrôle de la situation. Appelé à l’aide, un autre voilier, Tihua en sortie Carry Voile du samedi, est alors arrivé en renfort, avec Jean-Paul, Géraldine et Loïc à son bord. Le mât a pu être déposé sur le pont. Retour sans autre incident, au moteur. Bon courage à William pour les réparations, avec l’aide habituelle de tous les bricoleurs de Carry Voile s’il en a besoin !
Pour pallier ce type de désagréments : l’installation sur chaque navire d’une voile cerf-volant présenterait une précaution intéressante, voire indispensable, surtout si on s’éloigne au large. C’est à la fois rassurant et économique.
Que faire en cas de remorquage ?
- Avertir le CROSS de la manœuvre et de son déroulement
- Vérifier la santé de l’équipage et la ligne de flottaison du navire
- Faire le tour du bateau pour constater les dégâts occasionnés
- Contrôler le bon état du safran
- Dégager le pont
- Ranger les voiles
- Inspecter la solidité des taquets d’amarrage
- Vérifier qu’aucun cordage ne traîne, risquant de se prendre dans l’hélice du remorqueur
- S’assurer que l’haussière de la remorque est suffisamment longue, et accrocher une bouée ou un pare-battage au centre de cette haussière
- Hisser le pavillon remorquage. Lien pour le connaître :
https://www.seashop.com/fr/pavillon-de-remorquage-40x60
-Enfin, lors du remorquage, tenir son équilibre : gare aux chutes !
Pour s’y retrouver dans les manœuvres, mini glossaire du remorquage* :
- Touline (n.f.) équipée d’une boule, il s’agit d’un lance-amarres, un cordage fin, à l’extrémité duquel est fixé un nœud en forme de boule, plus communément appelé, pomme de touline. Ce mot de touline serait dérivé du mot anglais towline (littéralement ligne de remorquage). Jeté à la main, ce lance-amarres, permet de passer une amarre du navire au quai ou à un autre navire.
- Haussière ou Aussierre (n.f.) est un gros cordage employé pour l’amarrage ou le remorquage des navires.
- Patte d’oie (n.f.) Afin de répartir l’effort de traction sur deux points, il convient de former, avec la haussière, une patte d’oie ou un Y sur deux taquets.
*les sources de Frank Colmant : Wikipedia
Les conseils de lectures d'Yveline, un livre prêté par Jean-Pierre :
Stephan Zweig Magellan traduction française par Alzir Hella, Les Cahiers rouges Grasset
Né à Vienne en 1881, Stefan Zweig était un passionné « d’humanités classiques » : histoire, littérature et philosophie. Ami d’écrivains du voyage comme Romain Rolland et Émile Verhaeren, il a aussi été l’ami de Sigmund Freud. Désespéré par la montée du nazisme, en 1934, il a décidé de fuir l'Autriche avec sa femme pour se réfugier en Angleterre, puis aux États-Unis. Mais cette fuite ne les a pas sauvés puisqu’en 1942, le couple a décidé son suicide, au Brésil.
Stephan Zweig a beaucoup écrit et publié, dans tous les genres littéraires : romans, poèmes et pièces de théâtre, mais il est surtout reconnu pour son art de la nouvelle (La Confusion des sentiments, Vingt-quatre heures de la vie d'une femme et bien d'autres ...). Pourtant, il a écrit aussi des essais et des biographies où il exprime son besoin de comprendre l’âme humaine, comme celles de Marie-Antoinette et de Fouché ou la biographie de Magellan que je vous conseille de lire ce mois-ci :
Comme en attestent tous les planisphères du passé, la connaissance de notre planète ne s’est faite que très progressivement. Dès les temps primitifs, pourtant, toutes les voies d’eau semblent avoir été utilisées pour son exploration, mais une vision d’ensemble a longtemps manqué. La nature humaine n’aimant pas le vide, de nombreuses croyances et chaque religion apportaient leurs explications avec une autorité qui pouvait se révéler dangereuse ou fatale. Toutefois, pour des raisons commerciales et financières, dans les pays du bassin méditerranéen, de longues expéditions terrestres avaient été organisées et de nombreuses « routes » maritimes développées, pour rapporter de la soie, des épices, des métaux précieux et autres biens, dans le pays d’origine. La Méditerranée était alors considérée comme le centre du monde civilisé. Les cartographes, présents sur tous les bateaux, indiquaient souvent des « terra incognita » avec des représentations de monstres étranges et effrayants qui dissuadaient toute envie de pousser plus loin l’exploration. Mais à partir du XVe siècle, un esprit nouveau, humaniste, naquit, remettant en cause certaines croyances religieuses. En Europe, le pape et des rois puissants souhaitaient élargir leur domaine : c'est le contexte dans lequel Stephan Zweig nous présente un grand homme, Magellan, dont il retrace le parcours, et la première circumnavigation (fait contesté aujourd’hui) qu’il a organisée et menée avec une audace et des stratégies qui forcent l’admiration : « Une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis et toujours un homme, avec sa petite vie périssable, peut faire de ce qui a paru un rêve à des centaines de générations une réalité et une vérité impérissable ».
J’ai beaucoup apprécié cette biographie très romancée, agréable à lire. Stephan Zweig est « derrière » son personnage : il l’anime avec une réelle admiration et tout son talent. Il s’identifie à ce qu’il a vécu et traversé comme épreuves et le lecteur en fait autant. Mais l’auteur a fait également un travail (reconnu) d’historien sérieux en y joignant des documents, des chiffres et des cartes, tous retrouvés et sortis de différentes archives.
... Et vous y apprendrez (peut-être) ce qu'est une circumnavigation, pourquoi un océan a été nommé « Pacifique » ainsi que la différence entre une mer et un océan ? :)
Cette lecture, c’est une circumnavigation ... dans la tête ! Yveline Lagelée
Les événements ou manifestations prévues ce mois-ci :
Vendredi 16 mai, de 18h à 20h30, soirée Formation :
Le Réglage des Voiles (2è partie : perfectionnement) assurée par Joël Finiel et la participation des skippers de Carry Voile. Comme à l’accoutumée, cette formation gratuite aura lieu dans la salle de réception de l’Espace nautique Roger Grange.
Affiche réalisée par Jean-Pierre Montagnon, de Carry Voile
Samedi 17 mai, rendez-vous à 9h pour le 1er Challenge de 2025 organisé par Carry Voile :
Une épreuve sportive au parcours balisé, ouvert et accessible à tous les adhérents de Carry Voile, skippers et équipiers, quel que soit leur niveau : pour le plaisir de naviguer de conserve.
Cette course devrait être terminée vers 15h et elle sera suivie à17h, de la distribution des prix et d'un pot de l’amitié, façon Auberge espagnole, où nous pourrons tous nous rejoindre pour partager les petits goûters apportés par chacun.
Affiche réalisée par Jean-Pierre Montagnon de Carry Voile
Rappels des événements ou manifestations à prévoir :
- Samedi 7 et dimanche 8 juin : Régate la Porquerolle’s cup
- Vendredi 13 juin de 18h à 20h30 : Soirée Formation (gratuite) Balisage et navigation en rade de Marseille assurée par plusieurs skippers : Denis, Jean-Pierre, Jeanpy et Joël.
Et notre Quizz pour finir :
Inspiré par Joël, auteur des questions du régatier de ce mois-ci avec la participation de Yveline, pour les devinettes des amateurs. Mais tout d’abord :
- Réponses du quizz de mars :
1) Question pratique pour le régatier : Je sors de l’avant-port de Carry-le-Rouet, largade force 5 et je vais à Carro. Mais le bateau gîte à plus de 25° et il est ardent : Je dois donc pendre un ris.
2) Devinette pour les amateurs : or rouge en cuisine en raison de sa saveur et de son prix ou partie indispensable du gouvernail d’un navire, située sous la coque : je suis le safran.
- Quizz de mai :
1) Question pratique pour le régatier : Il me reste un quart de milles à effectuer avant de contourner Planier. Je suis au près, le vent monte Beaufort et le voilier devient difficile à contrôler alors que nous ne sommes que deux à bord. Que faire ?
2) Devinette pour les amateurs :
Quel manque d’imagination ! On me donne le même nom dans les cuisines des chefs, au festival de La Roque d’Anthéron ou sur tous les voiliers, alors que je n’ai pas du tout la même apparence ni la même utilisation... Qui suis-je ?
Sur ce, je vous souhaite bon vent, belle mer et bonnes lectures à tous… Mais vous pouvez aussi y ajouter le plaisir d’écrire vos commentaires. Yveline L.
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